jeudi 4 août 2011

Poésie et Chevalerie





















Quelques poètes Français du XVIe Siècle :


- Antoine HEROËT

Coeur prisonnier, je vous le disais bien
Rondeau

Coeur prisonnier, je vous le disais bien,
Qu'en la voyant vous ne seriez plus mien
Si j'eusse eu lors le sens de vous entendre...
Moi qui eût pu deviner ni attendre
Qu'un si grand mal advînt d'un si grand bien ?
http://www.blogger.com/img/blank.gif
Puisqu'ainsi est, bienheureux je vous tien
D'être arrêté à si noble lien,
Pourvu aussi qu'elle vous veuille prendre
Coeur prisonnier.

Mais si vous laisse, aussi ne vous retien,
Et si sais bien qu'ailleurs n'aimerez rien ;
Ainsi mourrez n'ayant à qui vous rendre ;
Dont elle et moi serons trop à reprendre,
Mais elle plus, que plus vous êtes sien,
Caeur prisonnier.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_H%C3%A9ro%C3%ABt



- Marguerite de Navarre (1492-1549)

- Épitaphe

Si la mort n'est que séparation
D'âme et de corps, et que la connaissance
De Dieu s'acquiert par élévation
D'esprit, laissant corporelle alliance,
Entre la mort et vie différence
De Marguerite aucune ne peut être,
Sinon que, morte, a parfaite science
De ce que, vive, eût bien voulu connaître.


- Amour sacré ? Amour profane ?

J'ai longuement senti dedans mon coeur
L'amour qu'à vous j'ai porté si très forte,
Si très honnête et tant pleine d'honneur
Qu'oncques nul coeur n'en sentit de la sorte ;
 Mais maintenant qui tant me réconforte,
Bien que je sens mon affection vive
La vôtre y est si grande et si naïve
Que le sentir qui confirme ma foi
Me fait avoir l'élection craintive
Si cette amour est à vous ou à moi.


- La comédie du Désert

Tel que tu fus, Seigneur, tout tel tu es,
Et tel seras, sans fin à tout jamais :
Très gracieux et doux à tes fidèles,
Très rude et dur et juste à tous méchants,
Qui sont toujours par malice péchant,
Sans espérer sous l'ombre de tes ailes.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_de_Navarre_%281492-1549%29



- Joachim du Bellay

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Joachim_du_Bellay



- Jacques DAVY DU PERRON (1555-1618)

Puisqu'il faut désormais que j'éteigne ma flamme
Puisqu'il faut désormais que j'éteigne ma flamme,
Seul et cruel remède, avec l'eau de mes pleurs,
Et que pour m'arracher les épines de l'âme
Je m'ôte aussi du coeur les roses et les fleurs,

Sortez de mon esprit, pensers pleins de délices,
Cher et doux entretien dont l'état est changé,
Qu'un injuste mépris convertit en supplices,
Je vous ouvre la porte, et vous donne congé.

Avec vos mots flatteurs et vos feintes idoles
De constance et de foi, déités sans pouvoir,
Dont le son déguisait si souvent ses paroles,
Quel amant n'eût été facile à décevoir ?

Me jurer que son coeur, dont les flammes sont mortes,
Allumé d'un beau feu soupirait nuit et jour,
Et de branches de myrte, étreint en mille sortes,
Brûlait avec le mien dessus l'autel d'Amour,

M'appeler son triomphe et sa gloire mortelle,
Et tant d'autres doux noms choisis pour m'obliger,
Indignes de sortir d'un courage fidèle
Où si soudain après l'oubli s'est vu loger,

Adieu, bel oeil brillant, armé de flamme claire,
Superbe roi des coeurs de rayons couronné,
Dont le lustre m'offense à force de me plaire,
Et par trop de bonheur me rend infortuné,

Tu ne me verras plus baigner le mien de larmes,
Pour avoir éprouvé le feu de tes regards :
Le temps contre tes traits me donnera des armes,
Et l'absence et l'oubli reboucheront tes dards.

Adieu constants liens des volontés esclaves,
Cheveux blonds, filets d'or, par ondes agités,
Qui captivez l'orgueil des courages plus braves,
Et dans les noeuds d'amour leurs desseins arrêtez.

Adieu bouche d'oeillets et de roses vermeilles,
Qui respires sans cesse un printemps gracieux,
Où mille et mille amours volètent comme abeilles,
Cueillant de tes beautés le miel délicieux.

Adieu main qui les lys et les perles imites,
Belle et cruelle main qui me tends mille appas,
Et de lettres de sang avec le fer écrites
Traces dedans mon coeur l'arrêt de mon trépas.

Adieu fertile esprit source de mes complaintes,
Adieu charmes coulants dont j'étais enchanté :
Contre le doux venin de ces caresses feintes
Le souverain remède est l'incrédulité.

Mais que dis-je, ô mon tout, quel trouble me transporte,
De tes beaux yeux vainqueurs vouloir rompre la loi,
Et briser tant de noeuds dont l'étreinte est si forte,
Comme si mon vouloir était encore à moi ?

Non non c'est une erreur, l'amour qui me possède
Ne se peut voir dompter par temps ni par raison,
Le trépas seulement à qui tout désir cède
Porte dedans ses mains les clefs de ma prison.

Adieu donques vous-même, adieutrop plein d'audace,
Adieu desseins légers et propos insensés,
Dignes d'être punis d'une juste disgrâce,
Si l'excès de l'amour ne vous avait poussés.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Du_Perron




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